M’kidech le nain rusé

M’kidech le nain rusé

A la montagne, vivait jadis une famille de paysans, dieu les a comblés de bonheur en leur donnant six garçons tous forts et vigoureux. Le tableau s’annonce donc idyllique lorsque la mère tomba enceinte pour une septième fois. Le père et les six frères étaient tous heureux et attendaient l’heureux événement avec impatience. Le jour de la naissance, la mère met au monde un petit être de sexe masculin de quelques grammes seulement.

On dirait un petit oisillon sans plumes tellement il était petit. La famille était atterrée, car ce septième garçon n’augurait rien de bon. Il allait être la risée de la famille, et vu son état, on l’appelle M’kidech.

M’kidech possède tous les attributs d’un petit garçon sauf la taille. Il avance en âge, mais sa taille ne suit pas son âge. À quinze ans, on le prendrait pour un garçon de huit ans. Cependant, sa petite taille est compensée par une espièglerie et une intelligence hors du commun.

Un jour, après une très bonne récolte de blé et d’orge, le père décide de faire des cadeaux à ses sept fils. Il se rend au marché et achète sept mules. Or, M’kidech savait déjà la surprise que leur père cachait, et sachant qu’on allait lui attribuer la mule la plus indocile, la moins belle et la moins grasse, il attend que tout le monde sombre dans le sommeil pour sortir furtivement et se rendre à l’écurie familiale. Muni d’une aiguille, il la plonge dans le genou de la plus belle des mules et retourne se coucher.

Le lendemain matin, lors du partage, ses frères choisissent celles qui sont valides et méprisent celle qui boite. Celle-ci, disent-ils, elle est handicapée, et c’est elle que notre handicapé de frère doit prendre. M’kidech ne s’offusque pas, il est certes handicapé, mais il est de loin le plus intelligent. Une fois le partage terminé, il retire l’épine du genou de la mule. Deux jours plus tard, elle ne boite plus.

Après s’être familiarisés avec leurs bêtes, les sept frères décident de partir à la chasse, munis de leurs arcs et leurs carquois pleins de flèches. Ils décident de se rendre de très bonne heure à la forêt giboyeuse. Ils s’enfoncent dans la forêt où ils sont sûrs de trouver du gibier à profusion. Soudain, leurs mules se cabrent et les désarçonnent. Elles viennent de sentir un danger, elles tremblent et les sept frères les retiennent difficilement. Soudain apparaît au-dessus d’eux une ombre gigantesque provenant de l’ogresse. Ils se sont aventurés dans son domaine, elle n’aime pas les intrus et les dévore à chaque fois.

Sa haute stature lui permet de voir tout. Elle rassemble les sept frères ainsi que leurs bêtes et les ramène dans son antre, une immense grotte où l’attendent ses petits ogres et ogresses, impatients de dévorer de la chair fraîche.

Afin que les sept frères ne soient pas stressés, et que leur chair ne devienne fade, l’ogresse leur donne à manger du couscous préparé par ses filles. Ils mangent tous à l’exception de M’kidech qui avait senti le piège. En effet, pour que ses victimes ne résistent pas, elle les endort en mélangeant au couscous une plante médicinale au pouvoir soporifique. Ce soir-là, elle dîne avec ses petits en dévorant deux mules. Les autres mules et les frères, ils les dévoreront au fur et à mesure que la faim se fera sentir. Pour donner le change à l’ogresse, M’kidech fait semblant de dormir comme ses frères sous l’effet du narcotique. Il passe une nuit blanche et réfléchit au moyen de quitter ce lieu maudit. Sa petite taille peut le favoriser à fuir mais il ne veut pas fuir tout seul, il veut sauver ses frères voués à une mort certaine.

Au petit matin, l’ogresse quitte son antre pour rendre visite à l’autre ogresse, sa voisine, et lui parler de la chasse miraculeuse qu’elle a opérée. Elle a suffisamment de nourriture et elle peut donc prendre quelques jours de répit. Dès qu’il la voit partir, M’kidech pousse un soupir de soulagement. Il se lève et, à l’aide de sa dague qui le quitte jamais, il égorge tous les petits ogres et ogresses en plein sommeil. Muni d’une écuelle, il asperge d’eau fraîche ses frères qui se lèvent en sursaut. Il les invite à quitter les lieux sans trop tarder. Ils prennent donc les bêtes restantes et disparaissent aussitôt.

Dans leur fuite éperdue, les sept frères sont angoissés, ils ont peur de se faire dévorer. De temps en temps, M’kidech descend de sa monture et colle son oreille au sol pour voir si l’ogresse s’est aperçue de leur évasion et si elle les suit, mais rien à signaler jusqu’à présent, alors il rassure ses frères, et ils continuent leur chemin.

Mais tant qu’ils sont dans la forêt, ils sont en danger, car ils sont toujours dans le domaine de l’ogresse. Après quelques heures de marche, M’kidech redescend de sa mule et recolle son oreille au sol, et cette fois-ci il lance : ça y est, elle s’est mise à nos trousses ! Comme ses enjambées font dix fois les pas d’un homme ordinaire, bientôt elle va les rattraper et ce sera la fin pour eux, elle va venger la mort de ses petits.

Elle les rattrape en effet, et les ramène dans sa tanière à l’exception de M’kidech, qui s’est éclipsé et caché dans une cavité naturelle faite dans un gros chêne. Ses frères et leurs bêtes sont de nouveau prisonniers, mais M’kidech les suit à vue.

Cette fois-ci, elle les attache en utilisant comme liens ses cheveux aussi solides que l’acier. Ce soir-là, elle dîne en avalant une mule. M’kidech s’était caché à proximité de la grotte de l’ogresse, et malgré le froid intense, il tient bon. Son attente est récompensée, car le matin dès les premiers rayons de soleil, l’ogresse quitte son antre pour aller faire un tour dans la forêt. M’kidech profite de cet instant, il entre à l’intérieur de la grotte et délivre ses frères ainsi que leurs bêtes. Cette fois, il veut se débarrasser définitivement de l’ogresse. Pour ce faire, il a échafaudé un plan. Il demande à ses frères de ramener des fagots de bois et il leur a demandé de se cacher juste à proximité de la grotte.

Avant la tombée de la nuit, l’ogresse rentre chez elle. Une fois qu’elle s’est engouffrée dans sa grotte, les sept frères bouchent l’entrée à l’aide des troncs d’arbres, placent les fagots et mettent le feu tout autour de la maison. Prise au piège, l’ogresse essaie de forcer le barrage mais ses cheveux hirsutes s’enflamment, elle a commencé à suffoquer, et à bout de force, elle se laisse tomber au sol comme une souche, et elle se consume petit à petit. Les sept frères ne quittent les lieux et ne cessent d’attiser le feu qu’une fois qu’ils sont sûrs de la mort de l’ogresse.

Après avoir éliminé l’ogresse, ils retournent chez eux contents et reconnaissants envers M’kidech à qui ils doivent la vie. Et depuis ce jour, personne n’osa se moquer de lui.

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